Afin de définir la fréquence d’occurrence d’un évènement, il est possible de réaliser des sondages aléatoires sur le terrain, appelés
observations instantanées. En réalisant ces observations un nombre de fois suffisamment grand, on peut approcher la fréquence réelle d’apparition
avec le degré de précision souhaité. Elles sont souvent moins coûteuses que des séances d’observations continues (mais plus spécifiques)Les observations instantanées peuvent être utilisées pour mesurer :
- Le taux d’utilisation d’un équipement
- Les temps de réalisation d’une opération
- Les coefficients de repos
- Et tout autre taux ou temps d’apparition d’un aléa
Principes statistiques
Pour appréhender les fondements théoriques sur lesquels reposent les calculs liés aux observations instantanées, voici un exemple simple. Étudions le cas d’un dé lancé un grand nombre de fois. La probabilité d’apparition de chacun des six chiffres est de 1 sur 6. Pour
estimer cette probabilité, il est tout à fait possible de réaliser des observations de lancers, et noter les résultats. Une dizaine d’observations ne permet pas de retrouver la fréquence de
1/
6 pour l’un quelconque des résultats (obtenir un 5 par exemple). Un millier en donne une meilleure approximation mais encore en dehors de la précision de ±5% (avec une marge d’erreur de 95%). Dix mille observations permettent d’approcher plus précisément des fréquences réelles.
La méthode des observations instantanées repose sur les mêmes principes. Une machine peut être en production ou à l’arrêt. Si on observe un grand nombre de fois son
état instantané, le rapport du nombre de cas où la machine est en marche sur le nombre d’observations totales tendra vers son
taux réel d’utilisation. Par rapport à l’exemple probabiliste ci-dessus, il faudra en outre s’assurer de réaliser ces observations de
manière aléatoire dans le temps, afin d’éliminer tout
biais (lié au jour ou à l’horaire, à l’anticipation de l’observation par les personnes impliquées, …).
Dimensionnement des observations instantanées
Le
nombre d’observations à réaliser dépend :
- de la précision relative attendue (±5% par exemple, comme ci-dessus) : ε
- de la marge d’erreur acceptable (intervalle de confiance de 95% par exemple)
- de la fréquence estimée (il est plus facile d’observer un évènement fréquent) : f
où
zα/2 est le quantième de la loi normale (centrée réduite) donnant l’
intervalle de confiance au niveau α. Pour un niveau de confiance à 95%,
zα/2 ≈ 2. Pour un niveau de confiance à 99%,
zα/2 ≈ 3. Travailler avec un niveau de confiance à 95% est le plus fréquent (si on répète l’expérience 100 fois, on n’obtiendra le résultat prédit que dans 95 cas en moyenne).
Prenons maintenant l’exemple d’une machine dont on souhaite connaître le
taux de panne. On l’estime à un quart du temps d’ouverture environ. Pour atteindre une précision (relative) de ±5%, n vaudra 4800. Or, cette
précision relative de 5% équivaut à une
précision absolue d’environ 0,05 × 25 = ±1,25 points de taux de panne, ce qui est sans doute un peu riche. Une précision relative de ±10% (soit ±2,5 points de taux de panne) peut être suffisante.
n vaut alors 1200, ce qui limite les ressources à allouer pour ces observations.
De manière générale, pour les cas peu fréquents (difficiles à observer), on attend une moins grande précision relative :
ε = 20% pour une fréquence estimée de 5% correspond à une erreur absolue de ±1%.
Préparation d’une observation instantanée
- Bien établir le sujet de l’étude : le phénomène observé (quoi), les acteurs impliqués (qui), le périmètre (où), le nombre d’observation (combien), la manière de réaliser les observations (comment), … : cf. le QQOQCCP.
- Il faut en particulier bien définir les états de ce qui sera observé : « en panne/en fonctionnement », « en déplacement/immobile ». Il ne doit pas y avoir d’ambiguïté sur ces définitions (surtout s’il y a plusieurs observateurs). Il peut être intéressant d’élargir un peu l’étude (« en panne/en production/en changement d’outil/…), en se basant sur des catégories identiques à celles qu’on pourrait trouver dans le cadre d’une observation continue.
- Préparer l’outil de relevé des observations (feuille de bâtonnage, smartphone, …). Les horaires d’observations seront prédéfinis, de manière aléatoire, sur l’ensemble des plages où le phénomène est susceptible de se produire. Les horaires ne doivent pas être répétitifs d’un jour sur l’autre (pour limiter tout biais). Il est possible de construire un circuit afin de réaliser plusieurs observations sur le parcours.
- Réaliser les tournées aux heures prévues, en effectuant une observation ponctuelleà chaque fois.
- Dépouiller les résultats (calcul des fréquences observées) et vérifier grâce aux formules ci-dessus que la marge d’erreur est toujours acceptable (avec la fréquence f réellement observée).
Cas d’usage
Occupation machine
C’est le cas classique d’usage des observations instantanées. Pour un équipement qu’il n’est pas utile, ou économique, de suivre continuellement en TRS, il est possible d’estimer son taux d’occupation grâce à des observations instantanées. Les différents types d’arrêts peuvent également être calculés (panne, manque opérateur, manque appro, …).
Le
temps standard est obtenu en multipliant
TO par l’allure moyenne observée.
Détermination des coefficients de repos
Les
coefficients de repos, ou
coefficients majorateurs (au sens du
BTE), peuvent être estimés par des observations instantanées. Les différents cas d’aléas irréguliers légitimes sont comptés (échanges avec la hiérarchie ou d’autres collègues, pause après un effort, besoins personnels, …). Leur rapport sur le nombre total d’observations donne le pourcentage du coefficient majorateur.
Auto-observations
Il est également possible d’utiliser la méthode des observations continues pour effectuer un
suivi d’activité. A intervalles aléatoires, je relève objectivement mon activité. La fréquence, et donc le temps, de chacune de mes activités peuvent ainsi être calculés.